ON ÉTAIT PAYE LE 6 DU MOIS ET LE 21 ON AVAIT UN ACOMPTE
MES PREMIÈRES ANNÉES DE TRAVAIL A LA PAPETERIE DE VILLOGNON
Je suis entrée à la papeterie de VILLOGNON en Mars 1957, l'année de mes 16 ans. Je joins ma première feuille de paie. On était payé tous les les 15 jours le 6 et le 21 de chaque mois, le 21 c'était un acompte et le 6 c'était la paie.
À cette époque, c'était les anciens francs, en nouveau francs, pour faire une comparaison, il faut diviser par 100.
Je n'avais que 16 ans. A cet âge-là, on a plus envie de s'amuser que de travailler, mais je n' avais pas le choix. J' étais la 5ème d'une fratrie de 8 enfants. MAMAN était à la maison pour élever tout ce petit monde et, quand on était à l'école, maman devenait lavandière. Elle allait laver chez les gens et se rendait régulièrement à la fontaine ou à la Charente avec sa brouette en toutes saisons. PAPA était commis agricole à la ferme de la TOURETTE, chez M.GABRIEL SUTRE. Il commençait à avoir des problèmes de santé (angine de poitrine). Je n'avais pas le choix, il fallait aller gagner sa vie pour aider à faire vivre le reste de la nichée. PAPA nous quitta le 23 septembre 1959, suite a la fièvre typhoïde.
Je suis entrée à l' usine à et mon premier salaire était le bienvenu. J'ai trouvé très ,très dur de travailler derrière les machines à coudre. Tout se faisait manuellement Les piqueuses étaient payées aux pièces et elles ne nous faisaient pas de cadeaux. Plus elles en faisaient, plus elles gagnaient. Les boites tombaient sur une grande table en vrac, il fallait les plier et les empiler pour former un paquet ficelé de 25 ou de 15 suivant la grandeur et le poids. Ensuite, il fallait emmener les paquets, à bout de bras ou sur la tête, par deux ou trois, à une vingtaine de mètres sur le quai d' expédition comme on pouvait et le plus vite possible. Il fallait faire une ou deux rangées par clients et les empiler assez haut pour en loger le plus possible. Parfois, la pile s' écroulait, il fallait vite la remonter car d' autres filles arrivaient. Il y avait une quinzaine de piqueuses et autant de plieuses derrière elles. Il fallait vite repartir à son poste et là, un très haut monticule de boites les unes sur les autres nous attendait, on appelait ça la pagaille des boites. La piqueuse n' arrêtait pas. On avait droit à une engueulade de la part de la piqueuse ou du chef JEAN TANDY. Là, j' en ai bavé.
On allait des fois ramasser les plaques de cartons derrière les traceuses ou aux mitrailleuses.
Il y avait beaucoup de jeunes filles de mon âge avec moi. Je suis allée aussi derrière les machines à étuis. Là aussi, c'était dur... rendement ,rendement.
J' ai souvent pleuré. Les anciennes ne nous faisaient pas de cadeaux. Mais je n'avais pas le choix il fallait travailler.
En 1961 j' ai quitté le nid, je me suis mariée puis il y a eu la naissance de FRANCK, puis CHRISTIAN, THIERRY ET JEAN LUC quatre garçons pas mal !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Mais j'ai toujours travaillé.
En 1965, je suis montée à l' atelier de JEAN ROLLANT, comme on l'appelait, au fil plat derrière une grosse piqueuse, avec une femme (ODETTE ROUSSEAU) qui bossait comme une malade. Alors là, j' en ai chiée. Mais on aimait aller au boulot et il fallait bien faire bouillir la marmite. Cette grosse machine à coudre piquait de grosses caisses en carton qui étaient utilisées pour emballer des télévisions, de l' électroménager, ce qui veut dire hyper lourd et selon le même principe, il fallait emmener à la main les paquets sur le quai d' expédition comme on pouvait et le plus vite possible.
Les années ont passé et sont venues les palettes en bois. Le travail est devenu moins pénible. On pouvait empiler les paquets sur la palette et avec un chariot, et l'emmener sur le quai d'expédition. Par la suite, je suis moi-même devenue piqueuse, puis conductrice d'une piqueuse semi-automatique. Peu à peu, les machines à coudre on disparu et ont été remplacées par des machines plus performantes : colleuses et piqueuses. Mais, derrière les chaines de productions, le travail était dur . Des caisses de grands formats et surtout lourdes.
En 1974, lors des licenciements, et donc de la réorganisation du travail, il a fallu que les femmes acceptent des postes d' hommes.
J'ai fait une formation de l’épave et j'ai obtenu mon permis de cariste, ce qui n'avait rien d'évident pour une femme à cette époque.
Avec mes enfants, ce n'était pas facile car il fallait travailler en faction, en 2 x 8 (5h-13h ou 13h- 21h)
FRANCK avait 16 ans, CHRISTIAN 9 ans et THIERRY 3 ans, mais il n'était pas question d'arrêter de travailler et, en 1975, j'ai eu JEAN-LUC. Autant dire que le travail ne me manquait pas. Mais j ai tenu le coup, on s' est organisé.
Une semaine, ROGER était du matin et moi de l'après-midi. La semaine suivante, c'était l'inverse. De cette façon, il y avait toujours quelqu'un a la maison. Ma belle-mère envoyait les plus grands à l'école et MAMAN gardait les petits. Le soir, tout le monde était à la maison.
Pendant des années je n'ai pas eu une vie facile.
En plus, je me suis beaucoup investie dans le syndicat CGT en 1968 pendant des années et avec mes collèges de l'époque, on a fait du bon travail.
Les premiers ennuis avec une cinquantaine de licenciement.
Les personnes licenciées ont été muté chez LEROY-SOMER prés de MANSLE suite au négociations faites par le syndicat C.G.T et quelques personnes sont parties en pré-retraite
L'entreprise a été vendu AU GROUPE DE LA ROCHETTE - CENPA. en 1974
La situation ne sait pas arranger quelques années plus tard on a été revendu en 1984 à M . MERLE un technocrate de la finance qui n'a fait que d’aggraver les choses .On sera revendu en 1986 au groupe OTOR MENIGAULT à ITEUIL PRES DE POITIERS dans la Vienne.
Puis, un jour, on m'a proposé le poste de contrôleur de qualité au laboratoire que j'ai accepté.
J'ai suivi une formation. Le travail me plaisait bien et le salaire a suivi. Mes idées n'avaient pas changé et c est pas pour ça que j'ai fermé ma gueule puisque j'étais responsable syndicale et j'ai continué à défendre les ouvriers jusqu' au rachat de l'usine par la société MENIGAULT à ITEUIL, près de POITIERS, à la fin de l'année 1986. Le personnel a été partagé en trois : une partie à COGNAC, l' autre a ITEUIL et le reste à VILLOGNON jusqu'à la fin de l'année 1987 et la fermeture définitive de la PAPETERIE DE VILLOGNON. Quant à moi, j' ai été mutée à POITIERS.
J'ai vecu l' enfer !... J'avais des enfants petits. Je prenais le train le matin a 6 h, et le soir je revenais a 19 h en gare de LUXE. L'hiver, je ne voyais pas le jour. En plus, du fait de mon activité syndicale, j'ai subi un harcélement moral pendant trois ans, sans relâche. À la suite d'une dépression, j ai été licenciée. Mais je me suis pas laissée abattre. J'ai attaqué la DIRECTION MENIGAULT aux prud'hommes et en justice ils ont perdu. Ils ont été condamnés à me verser des indemnités et mon cas fait jurisprudence.
Je suis entrée à L'ADMR pour m'occuper de personnes âgées. J'ai suivi une formation à la CROIX-ROUGE, où j'ai obtenu un diplôme me permettant de m' occuper de personnes âgées à domicile ou en structure. Je suis entrée à la maison de retraite d’aigre LES Tilleuls où j'ai fini ma carrière comme veilleuse de nuit. En parallèle, je faisais durant le jour, quelques heures à l'ADMR.
Je ne veux pas m'offrir de fleurs, mais je pense qu'il est rarissime qu'une femme ait travaillé pendant plus de 43 ans, élevant en parallèle quatre enfants, tout en étant responsable syndicale. Je suis fière de mon parcours.
UNE VIE DE TRAVAIL BIEN REMPLIE
Récompensée par la médaille d' argent du travail pour 20 années de travail,
la médaille de vermeil pour 30 ans de travail
la médaille d' or pour 35 ans de travail
et enfin la grande médaille d' or avec palme pour 43 ans de travail.
En parallèle, j'ai fait plusieurs années de secourisme à LA CROIX ROUGE ET CROIX BLANCHE.
JUIN 2001 LA RETRAITE ET UN REPOS BIEN MÉRITÉ
LE DIPLÔME DE MA MÉDAILLE GRAND OR POUR 43 ANS D ACTIVITÉS
L'AUTORISATION APRÈS MA FORMATION DE CARISTE DE CHARIOT A FOURCHE
Ma formation de secouriste au travail
Je travaillais et à l' ADMR le jour et la nuit veilleuse de nuit à la maison de retraite à AIGRE
( LES TILLEULS).
Mes quatre enfants
en haut de de gauche à droite Christian moi même Franck
puis en bas de gauche à droite Thierry et Jean-Luc
MON MARI ROGER PELLADEAU ET MOI MÊME
JE VOUS METS AUSSI LA FICHE DE PAIE DE MON MARI QUI EST RENTER A LA PAPETERIE DE VILLOGNON EN 1951 L ANNÉE DE SES 16 ANS
Après le départ de mes enfants de la maison, le samedi ou le dimanche, quand je ne travaillais pas, j'allais tenir des postes de secours à la croix rouge. j' avais suivi une formation de secouriste ,une formation de secouriste en équipe puis la formation de secouriste avec matériels s' est a dire la réanimation que j' avais réussi et avait eu mes diplômes.
Mes diplômes de secouristes aux premiers secours ,puis en équipe et enfin aux premiers secours avec matériels s' est a dire la réanimation.